Propriété intellectuelle : Coca-Cola s’attaque aux Corses !

Propriété intellectuelle : Coca-Cola s’attaque aux Corses !

Le soda le plus connu au monde ne serait pas 100% américain mais bien…corse ! À l’origine un vin tonique, la boisson aurait inspiré le Coca-Cola. Désireux de faire renaître l’entreprise, Christophe Mariani a décidé de déposer le nom « Coca Mariani » à l’Office de l’UE pour la Propriété Intellectuelle. Mais Coca-Cola rejette cette démarche.

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Pour comprendre les enjeux autour de la propriété intellectuelle, un peu d’histoire…

L’origine de Coca-Cola est peut-être corse.

Certaines histoires s’écrivent avec différentes plumes… C’est le cas du Coca-Cola, une boisson devenue un symbole de la suprématie des USA. Et pourtant, plusieurs théories affirment que son origine serait à replacer dans un bastion niché au creux de la mer Méditerranée : la Corse !  En effet, en 1868, un apothicaire bastiais nommé Angelo Mariani a mis au point une boisson qu’il appelle Coca Mariani. La recette ? Du vin rouge auquel on ajoute des feuilles de coca. Ce « vin tonique » a des effets antalgiques et revigorants très puissants, normal puisqu’il contient de la cocaïne !

Du Vin Mariani au Coca-Cola, une recette pas si éloignée.

Le succès du Coca Mariani est immédiat et est acclamé par de nombreuses personnalités. Le Président de la République, les politiciens et même l’écrivain Émile Zola en vantent les mérites. Évidemment, avec le succès vient la copie… Et les imitations du Vin Mariani se multiplient, sans que le concept de propriété intellectuelle n’entre en jeu. Aux États-Unis, c’est le docteur Pemberton qui reprend le concept et lance le « French Coca Wine ». En plus du vin et des feuilles de coca infusées, Pemberton ajoute de l’extrait de noix de kola, riche en caféine. C’est cette recette qui donnera son nom au Coca-Cola. Mariani ne pense alors pas utile de déposer son nom de marque et assurer sa propriété intellectuelle.

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Prohibition aux US et gloire du soda.

À l’époque, la commercialisation du Coca-Cola ne fait pas (encore) grand bruit. Mariani est heureux du succès de son vin tonique en Europe, et ne voit pas venir le changement de statut de la cocaïne, qui est banni des rayons… Ne souhaitant pas modifier sa recette, Mariani se voit interdire la vente de son vin. De plus, en raison de la prohibition qui est décrétée aux États-Unis, les sodas font leur apparition. Le Docteur Pemberton change la composition du breuvage, enlevant alcool mais aussi traces de cocaïne. Le French Coca Wine devient définitivement Coca-Cola, le soda qui connaîtra un succès mondial et durable.

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Les enjeux de la propriété intellectuelle pour le « Coca Mariani ».

Un dépôt de marque effectué tardivement.

L’épopée Coca-Cola a continué sa route tout au long du XXème siècle, tandis que le Vin Mariani était resté en sommeil. C’est en 2014 que Christophe Mariani, un entrepreneur corse qui n’est pas un aïeul d’Angelo Mariani, relance la production du vin tonique. Cette fois, plus de traces de cocaïne ! Il imagine une nouvelle recette et appelle sa boisson le Coca Marinani. En 2019, il dépose ce nom de marque auprès de l’Office de l’Union Européenne pour la Propriété Intellectuelle. Averti de ces démarches, le groupe Coca-Cola s’y oppose…

Un risque de confusion entre le soda et la boisson alcoolisée.

En effet, la multinationale a jugé qu’il y avait un risque de confusion autour du mot « Coca », partagé par Coca-Cola et la marque Coca Mariani. Le motif de ce risque reste assez opaque.  On ignore si la problématique se cristallise autour de l’ingrédient des feuilles de coca, de la présence de vin dans le Coca Mariani ou simplement d’une défense ardue de la propriété intellectuelle de la Coca-Cola Company…

Quoiqu’il en soit, l’entrepreneur Christophe Mariani ne compte pas s’arrêter là et va tenter de résister à la pression du groupe Coca-Cola. Nous lui souhaitons bonne chance dans cette croisade qui peut vite coûter cher en frais de justice. Et si jamais l’envie de changer de nom de marque lui traverse l’esprit, nous sommes prêts à l’accompagner !